Carte blanche du 3 novembre 2025 : La digitalisation des services bancaires ne doit pas se faire sans donner priorité à l’inclusion financière.

Carte blanche du 3 novembre 2025 : La digitalisation des services bancaires ne doit pas se faire sans donner priorité à l’inclusion financière.

Dans cette nouvelle carte blanche, Michel Maquil, ancien président d’InFiNe, attire l’attention sur les risques d’exclusion engendrés par la digitalisation accélérée des services bancaires. S’appuyant sur l’exemple scandinave où les espèces sont de plus en plus refusées, l’auteur rappelle que l’argent liquide demeure le seul moyen de paiement accessible aux personnes les plus vulnérables.

Cette réflexion s’inscrit parfaitement dans la mission d’InFiNe de promouvoir l’inclusion financière responsable, en soulignant que la transition numérique ne doit laisser personne de côté. L’auteur cite Piero Cipollone, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, qui rappelle la nécessité de mettre en place des actions concrètes pour garantir l’inclusion financière.

Michel Maquil nous invite ainsi à faire de l’inclusion financière une priorité majeure dans un monde en constante évolution. Bonne lecture !

La digitalisation des services bancaires ne doit pas se faire sans donner priorité à l’inclusion financière

Les apports de la digitalisation pour la gestion financière

Les systèmes financiers digitalisés ont profondément transformé la manière dont de nombreuses personnes gèrent leur argent. Ces outils offrent une vision claire et économique de leurs finances, tout en simplifiant les méthodes de paiement. Les paiements électroniques, en particulier, facilitent considérablement les achats et d’autres opérations du quotidien, rendant les transactions plus rapides et plus aisées pour une large part de la population.

L’exemple scandinave et ses enjeux

Dans les pays scandinaves, l’usage des paiements électroniques est devenu si courant que de nombreux commerces et organismes ont cessé d’accepter les espèces. Ce choix leur apporte plusieurs avantages : ils peuvent se passer de caisse enregistreuse traditionnelle et n’ont plus à mettre en œuvre les mesures de sécurité liées à la manipulation de l’argent liquide. Cette évolution invite toutefois à s’interroger sur la pertinence de poursuivre dans cette direction et sur les conséquences pour ceux qui, par choix ou par nécessité, continuent d’utiliser exclusivement des espèces.

Le rôle central des espèces pour l’inclusion financière

Il est important de rappeler qu’à l’heure actuelle, l’argent liquide demeure le seul moyen de paiement et d’épargne pour encore un nombre important de personnes. Celles-ci disposent d’un accès limité, voire inexistant, aux moyens de paiement numériques. L’argent liquide reste donc essentiel pour garantir l’inclusion des citoyens les plus vulnérables : personnes en situation de handicap, personnes peu ou pas à l’aise avec le numérique, individus faiblement alphabétisés, mais aussi ceux qui ne peuvent ouvrir de compte bancaire, tels que les réfugiés ou les personnes sans domicile fixe.

L’inclusion : un impératif souligné par les institutions

Piero Cipollone, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a récemment rappelé devant une commission du Parlement européen*) la nécessité pour les institutions publiques de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté dans la transition vers une économie de plus en plus digitalisée. Selon lui, l’argent liquide a longtemps constitué la pierre angulaire de l’inclusion financière, car il est accessible à tous, favorise l’autonomie et instaure la confiance. Il insiste sur le fait que garantir l’inclusion (financière) doit aller au-delà d’un simple principe : il faut mettre en place des actions concrètes pour lever les obstacles rencontrés au quotidien.

Conclusion : une priorité absolue

Dans un monde en constante évolution, où beaucoup peinent à suivre le rythme, l’inclusion et, en particulier, l’inclusion financière doivent rester une priorité majeure.

Auteur : Michel Maquil, Ancien président de InFiNe
Photo : Aaron Burden sur Unsplash

*) The digital euro: ensuring resilience and inclusion in digital payments
Introductory statement by Piero Cipollone, Member of the Executive Board of the ECB, at the Committee on Economic and Monetary Affairs of the European Parliament
Brussels, 4 September 2025

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur.