40ème Midi de la microfinance et de l’inclusion financière, Les femmes sont prêtes

40ème Midi de la microfinance et de l’inclusion financière, Les femmes sont prêtes

Luxembourg, le 5 juillet 2017 | Pour ce 40e Midi anniversaire, marqué par la présence exceptionnelle de Son Altesse Royale la Grande-Duchesse et du Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider, la discussion s’est centrée autour des obstacles à l’entrepreneuriat des femmes en Afrique et le rôle de la microfinance et de la mesofinance. Pour en débattre, ADA avait invité des femmes de terrain : Félicité Kambou, Directrice de la Coopérative de Prestation des Services Agricoles Coobsa (COPSA-C) au Burkina Faso ; Josée Mukandinda, Directrice des Opérations à l’institution de microfinance Umutanguha Finance Company au Rwanda ; Marèma Bao, Directeur Général adjoint de l’institut de mesofinance COFINA au Sénégal ; et enfin Myriam Kadio-Morokro, fondatrice de la clinique PROCRÉA à Abidjan, également modératrice de ce débat.

Myriam Kadio-Morokro a commencé par poser le débat devant une assemblée comble et particulièrement réceptive à la thématique. « Nous sommes des femmes entrepreneurs, africaines, épouses et mères dans un contexte social et culturel où l’homme a une place prépondérante ».

Elle s’est intéressée au rôle que la microfinance pouvait apporter à ces femmes africaines. D’après Josée Mukandinda : « La microfinance a une double mission : une mission financière d’abord, par l’octroi de produits financiers (épargnes, crédits), une mission sociale et non financière ensuite, à travers l’accompagnement dans la gestion de projet. C’est la première étape à l’émancipation de la femme, alors que celle-ci doit encore subvenir aux besoins de son foyer à son retour du travail. »

Pour Marèma Bao, l’enjeu est tout autre : « La mesofinance – positionnée entre la micro et la banque – permet aux femmes de quitter le micro-crédit pour construire des PME solides et pérennes. En Afrique sub-saharienne, 80% des entreprises sont des PME, seules 20% sont des grandes entreprises. Une femme sur 4 a créé une petite entreprise et est entrepreneur. Cependant, très peu de ces micro-entrepreneurs passent d’un stade de micro à un stade de PME. Il faut les accompagner, c’est là toute notre mission ». Les PME génèrent des répercussions importantes en Afrique : 1 000 euros d’investissement dans une PME équivalent à 3 nouveaux employés, qui elles-mêmes prendront soin de 10 personnes. « C’est un impact social énorme ! », souligne Marèma Bao. « Il y a un fort potentiel à exploiter, nous sommes confiants ! Les femmes sont prêtes ! ».

Quant à Félicité Kambou, spécialisée dans le milieu rural, « la microfinance signifie l’émancipation de la femme. Elle lui a permis de développer des activités génératrices de revenus, lui permettant de parvenir elle-même à ses besoins et à ceux de sa famille (scolarisation des enfants pour assurer à terme la relève de l’activité, soins…). ».

Le débat a permis de mettre en lumière les obstacles à l’accès aux financements des femmes : un manque de garanties fiables d’une part, réservées habituellement aux hommes, mais aussi un manque d’information et d’éducation financière qui s’explique par une mentalité fortement ancrée qui place l’homme en première position des décisions importantes du foyer et de l’entreprise. Les témoignages des oratrices ont livré quelques clés pour contourner ces difficultés : en matière d’accompagnement financier, les garanties peuvent être apportées par des fonds des gouvernements, ou encore des regroupements solidaires à plus petite échelle, comme l’a précisé Josée Mukandinda. En matière d’accompagnement non-financier, des institutions comme ADA permettent de former et d’éduquer les femmes africaines à l’entrepreneuriat.

Au cours des questions posées à l’assemblée, Son Altesse Royale la Grande-Duchesse s’est intéressée au rôle que pouvait jouer la micro-assurance au sein de ces institutions, comme gage de garantie en cas de maladie ou de décès de l’entrepreneur. Il s’agit d’une protection financière pour la femme cliente entrepreneur et dans les faits, du premier accompagnement qui peut être apporté.

De gauche à droite : Marèma Bao ; Félicité Kambou ; Son Altesse Royale la Grande-Duchesse ; Myriam Kadio-Morokro et Josée Mukandinda (©ADA / Olivier Minaire)

L’accompagnement : la clé de la réussite Si les femmes sont aujourd’hui prêtes à se lancer dans la mesofinance, il faut faire preuve de patience avant d’avoir des résultats concrets. Les institutions doivent avant tout travailler sur le changement des mentalités. « C’est le rôle des gouvernements et des institutions que de les formaliser, comme l’accompagnement que peut apporter ADA », a souligné Olivier Massart, Directeur exécutif de ADA, pour conclure ce débat.

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Les Midis de la microfinance et de l’inclusion financière sont organisés par ADA en partenariat avec la Banque de Luxembourg et InFiNe.lu et avec le soutien de la Coopération luxembourgeoise.

Source: ADA