Quand on entend le mot « esclave » ou « esclavage », on pense spontanément à un sombre chapitre de l’histoire qui a pu d’une certaine manière être clos à la fin du XIXe siècle.
On est d’autant plus étonné en lisant le rapport bouleversant publié récemment par l’Organisation internationale du Travail (OIT) de Genève *). Il affirme que de nos jours, dans le monde, près de 50 millions de personnes sont en proie à une forme moderne d’esclavage, dont un quart d’enfants. Cela équivaut à un habitant sur 150, et cela au XXIe siècle.
Le terme « esclavage » concerne les personnes qui sont contraintes de travailler ou de se marier contre leur gré **). Il est aussi frappant de constater qu’au cours des dernières années, l’esclavage a fortement augmenté, et cela, pas seulement dans les pays en développement. Près de la moitié des cas d’esclavage se produisent dans des pays plus développés. En Europe, l’esclavage concerne 600 000 personnes.
Les migrants sont particulièrement exposés à l’esclavage, parce que pendant leur périple, ils sont souvent livrés à la merci de trafiquants d’êtres humains sans scrupules. Europol a par exemple signalé en 2016 que quelque 10 000 enfants qui avaient pris la fuite seuls avaient tout simplement disparu ***). Nous ignorons ce qui leur est advenu. Nombre d’entre eux ont dû tomber aux mains de criminels sans pitié.
Nous ne pouvons et ne devons pas détourner le regard lorsque nous prenons connaissance de tels chiffres.
Le huitième des dix-sept objectifs de développement durable adoptés par la communauté internationale (ONU) ****) prévoit d’éradiquer l’esclavage des enfants d’ici 2025 et celle des adultes à l’horizon 2030. Nous sommes loin d’atteindre cet objectif.
Mais nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous en approcher autant que possible.
Les acteurs de la place financière se sont fixé des objectifs ambitieux pour investir de manière durable. L’un des plus importants objectifs devrait être d’investir uniquement dans des sociétés qui peuvent prouver que leurs chaînes d’approvisionnement ne recourent pas à l’esclavage, notamment de petits enfants. Il conviendrait de s’engager dans ce sens au Luxembourg avec la même énergie que nous déployons pour mettre fin aux investissements dans l’énergie nucléaire.
Les gouvernements européens, ainsi que l’Union européenne, doivent bien réfléchir quand ils concluent des accords avec des pays dans lesquels une grande proportion de la population est en proie à l’esclavage, surtout lorsqu’il s’agit de pays où l’esclavage est encore organisé par l’État.
Michel MAQUIL
Membre d’InFiNe
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